Qui était Jean le baptiste, aussi appelé « Le précurseur » ?
Jean le baptiste, celui qu’on appelle « le précurseur » avait une mission. Sa mission était de préparer la venue du Seigneur Jésus, le Christ. Il était la voix qui crie dans le désert que prophétisait Ésaïe (Es 40, 3). Selon l’évangile, Jean, fils d’Élisabeth, est le petit cousin de Jésus, puisque sa mère est cousine de Marie, mère de Jésus.
Jean était un homme simple, rempli de l’Esprit de Vérité. C’est pourquoi les gens venaient à lui. Certains parmi eux pensaient qu’il était le messie envoyé par Dieu. Mais Jean, dans son humilité, refusait toujours ces allégations. Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu (Luc 3, 16).
Jean le baptiste, un prophète de feu!
La voix qui crie dans le désert. Crier pour se faire entendre. Jean criait pour dénoncer les égarements non seulement du peuple juif, mais aussi des autorités juives : Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens se présenter à son baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit digne de la conversion » (Jean 3, 7-8). Jean invitait les gens à se convertir, à changer de vie. Jean était populaire auprès du peuple, mais il ne craignit pas de dénoncer les transgressions de la Loi comme le faisait Hérode, dont le mariage avec Hérodiade, sa belle-sœur, était illégitime. Jean a dénoncé ce mariage au prix de sa vie.
C’est à juste titre que l’on qualifie de saint, Jean le baptiste. Jésus lui-même a déclaré la grandeur de Jean en ces termes :
Alors, qu’êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis ; et bien plus qu’un prophète ! C’est de lui qu’il est écrit : voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. Je vous le dis : parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne n’est plus grand que Jean ; et cependant, le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui (Luc 7, 26-28).
Un modèle d’humilité et de foi
Ce Jean Baptiste est un modèle de foi et d’humilité. Il est le premier à reconnaitre le Christ, sauveur du monde :
1. En se prosternant devant Lui dès le sein de sa mère, lors de la visitation de Marie : Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint (Luc 1, 41).
2. Au moment de baptiser Jésus environ trente années plus tard :
Alors paraît Jésus. Il était venu de Galilée jusqu’au Jourdain auprès de Jean, pour être baptisé par lui. Jean voulait l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! » Mais Jésus lui répondit : « Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice » (Mt 3, 13-15).
Malgré toute sa popularité et sa notoriété auprès de ses nombreux disciples, saint Jean-Baptiste a eu l’humilité de reconnaitre la grandeur de Jésus Christ : Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue. (Jean 3, 30).
Comment le Québec en est arrivé au patronage de saint Jean le baptiste
On fête la naissance de saint Jean Baptiste le 24 juin, environ six mois avant la naissance de Jésus Christ puisque lors de l’annonciation de Marie, l’ange du Seigneur lui indiquait qu’Élisabeth, sa cousine (sa parente), était enceinte de six mois (Luc 1, 36).
La Saint-Jean a été implantée naturellement en Amérique française dès le XVIIe siècle par les colons. C’est la période du solstice d’été. La fête de la Saint-Jean était très populaire en France. Ici en Amérique, on y célébrait cette fête en allumant des feux de joie : selon ce qui est mentionné dans les Relations des Jésuites en 1636. Les colons français avaient développé une affection naturelle à saint Jean Baptiste. Les festivités du 24 juin au sein de la jeune colonie étaient une occasion de rassemblement et de réjouissance, comme le seront six mois plus tard, le 24 et 25 décembre pour les festivités entourant la naissance de Jésus. En 1694, Mgr de Saint-Vallier, deuxième évêque du diocèse de Québec, en a fait une fête chômée vouée à la dévotion.
Devenue un événement liturgique au cours des années, la Saint-Jean-Baptiste devient aussi, sous le régime anglais, une occasion de mobilisation pour les Canadiens français. C’est en 1834 que la Saint-Jean-Baptiste prend une tournure politique grâce à Ludger Duvernay, un journaliste inspiré par les célébrations de la Saint-Patrick à Montréal.
Mais il faut attendre l’année 1843 pour que naisse l’Association Saint-Jean-Baptiste[1] de Montréal à l’initiative de Ludger Duvernay, lors d’une imposante assemblée qui réunit pratiquement tous les notables canadiens-français de la ville. Cet organisme est considéré comme une société de bienfaisance ayant pour mission « d’aider et de secourir les personnes d’origine française et de contribuer à leur progrès moral et social ». Il est important de noter que le pape Pie X a proclamé saint Jean Baptiste patron des fidèles Canadiens français en 1908, lors du tricentenaire de la fondation de Québec.
Ce n’est qu’en 1977 que le gouvernement de René Lévesque décrète le 24 juin la fête nationale du Québec qui devient ainsi la fête de tous les Québécois.es de toutes origines. Ailleurs au Canada, la Saint-Jean-Baptiste est toujours fêtée le 24 juin afin de garder vive la flamme patriotique de la francophonie canadienne. Quoique cette fête est devenue une fête patriotique et politique au fil des ans, elle demeure quand même une fête religieuse pour le peuple de croyants. Alors, demandons la protection de saint Jean Baptiste pour l’Église du Québec, afin qu’elle se laisse éclairer à la lumière de l’Esprit Saint.
Qu’en est-il de notre vocation baptismale?
Ici, saint Jean Baptiste occupe une place essentielle dans l’histoire du salut pour le peuple de croyants. Le baptême de Jean était un acte de conversion et de repentance, particulièrement significatif avant la venue du Christ. Cependant, depuis la Pentecôte, chaque chrétienne et chrétien est baptisé.e dans la mort et la résurrection de Jésus. Notre propre baptême doit donc être un engagement envers la conversion et le salut.
Ce sacrement nous transforme en créatures nouvelles, en enfants de Dieu. Par ce baptême, nous sommes tous et toutes conviés.es à cette grande vocation d’amour, où notre Père céleste nous dit : « Je t’aime ». Dans ce même élan d’amour, il nous est demandé d’aimer Dieu et son prochain comme soi-même. À l’exemple de Jean Baptiste, ayant reçu l’Esprit-Saint, proclamons nous aussi Jésus le Christ ressuscité, avec ferveur et conviction par nos paroles, par nos gestes et notre comportement. C’est d’abord cela notre vocation première. Viendront par la suite des vocations particulières à la mesure de nos talents et nos charismes. Toute personne baptisée au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit qui croit dans son cœur que Jésus est le Christ ressuscité et Sauveur du monde, possède en elle la conviction que Dieu est Amour. Sa foi pousse la personne à la prière et aux bonnes œuvres.
Sans négliger les réjouissances entourant la fête du 24 juin, nous pouvons invoquer saint Jean Baptiste, patron de tous les fidèles canadiens-français, de prier pour nous et particulièrement pour la population québécoise. De grandes conversions peuvent s’opérer par notre prière incessante auprès de Dieu. Nous pouvons compter sur saint Jean Baptiste, notre saint patron qui est très certainement un allié de taille dans nos prières!
Pierre Joannette, d.p.
Adjoint à la mission
Carrefour intervocationnel
[1] Éric Major, historien, Aux origines de la fête de la Saint-Jean-Baptiste, sur le site du Musée Point-à-Callière, consulté le 27 mai 2024.